La culture se diffuse. Dans le dialogue entre les médias “mainstream” et
“underground”, chaque représentation d’un style musical doit pouvoir exister. Cependant
le chemin vers la médiatisation des artistes semblent souvent passer par la
voie de la popularité de ces derniers.
Comment les artistes méconnus, ou les musiques dont l’aura est plus restreinte font-elles pour vivre dans une noirceur
médiatique parfois complète ?
Culture needs to be spread. In the dialogue
between mainstream media and underground media, every representation of music
styles has to exist. However this way to be known is often a hard way for
artists whose popularity doesn’t exceed their own town. How those unknown
artists or their unknown musics can keep living in a media blackout ?
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Dans ce second article consacré
au media underground dans la sphère des musiques électroniques à Detroit, je pose quelques questions à T.Carlita (entretien Mai 2015), créatrice et hôtesse
du show hebdomadaire sur Internet : « In My House ».
In this second article about underground music media, I ask few questions to T.Carlita (interview May 2015), originator and hostess of the
weekly web show “In My House”.
Tina Carlita Nelson est une femme
pleine d’énergie et qui se sent avoir une responsabilité envers la scène house
et techno. Elle veut apporter aux artistes house et techno de Detroit, et aussi
ceux de l’étranger, un moment à eux pour parler de leur carrière – tous ces
artistes non représentés par les médias, mais dont le talent est reconnu par un
certain public de connaisseur.
Ce show créé fin 2013-début 2014
est tout d’abord en mémoire de feu son mari Derek Reynard Jamerson, producteur
de house à Detroit. Elle y accueille les artistes chez elle, chez eux ou à
Submerge.
Tina Carlita Nelson is a woman full of energy who
feels she has to accomplish this show like a necessity for house and techno
history in Detroit. She wants to bring ALL the Detroit Djs into the spotlights on, and foreign Dj too. She creates a show in order they express themselves about their career – all those artists who are unsung heroes
without normal media coverage, but where their talent is recognized locally.
This young show created in 2013-2014 is first in memory of Derek Reynard
Jamerson. She hosts artists in her house, their house or Submerge.
T.Carlita – In My House
I’d like to know about the weight techno and house have on US culture ?
Quel est le poids de la techno et de la house, dans la culture nationale aux USA ?
“You know Detroit is … if you compare dynamics
of things. Let’s go religion first and then I’ll bring you to Detroit and
music. Every faith as a Mecca, Muslims have Mecca, Catholics it’s Vatican, and
every State of United States has a capital, so I think that Detroit has been
the Mecca for how the world operates and how the world functions because a lot
of original concepts that become reality come from Detroit. Why ? We always
said that to me as a kid, Detroit is a blessed city. And to be born here – for
real born here – my mum pushed me out in hospital in Detroit, literally, my DNA
is Detroit. Detroit has been the authenticators, the originators of how the
world moves from cars to music, architecture….Yeah we borrowed it from other
people – even in techno we borrowed it - but we had a way of really giving it
is really signature.”
“Tu sais Detroit c’est…. comparons plutôt
les dynamiques. Commençons par la religion et je reviendrais sur Detroit et la
musique. Chaque religion a sa Mecque, les Musulmans ont la Mecque, les
Catholiques le Vatican, et chaque Etat des Etats-Unis a une capitale. Donc je
pense que Detroit a été la Mecque du monde dans la façon dont le monde opère et
le monde fonctionne – un laboratoire - parce que beaucoup de concepts originaux
sont devenus des réalités à Detroit. Pourquoi ? On m’a toujours dit, étant
enfant, que Detroit était une ville touchée par la grâce. Et être née ici –
réellement née ici – ma mère m’a littéralement expulsé à l’hôpital à Detroit,
mon ADN c’est Detroit. Detroit a été la créatrice et l’authentificateur de
comment le monde change, des voitures à la musique en passant par
l’architecture… Oui nous avons emprunté de nombreux choses à d’autres – même la
techno vient d’autres éléments – mais nous avions un plan pour lui donner ses
véritables traits. »
Tina Carlita Nelson
So why when we talk about Detroit, we don’t talk about culture but subculture ?
Donc pourquoi quand on parle de Detroit, on en parle en terme de subculture plutôt que de culture ?
“Because they don’t give a shit. To be honest.
You know, right now, you and I we are sitting in the middle of Detroit – for
real (Wayne State university). We haven’t been shot yet, you know nobody (laugh)…, but
I feel like in any bless city, any bless country they always want to the media,
we know, they pick a proper concept and use it and over and over again.
Perfect example, Ferguson or Baltimore, if we had not Internet we would never
know people are cleaning up the city, media are not showing that, they just say
everybody is fucking the place up. But they are not showing the positive side.
Media can’t sell papers on nice and fluffy stories.”
“Detroit to me… we just give it real. I often
say ‘the rich is real’. Those words mean different things to different people.
I also say, “If it is to be it’s up to me”.
We know how to deal with what we have, it just comes from what we are,
as Detroiters to me.”
« Parce qu’ils s’en foutent. Pour
être honnête. Tu sais, maintenant, toi et moi on est assis au milieu de Detroit
– pour de vrai (Wayne State University). Nous n’avons pas encore été descendu,
tu sais personne (rire général)…, mais je me sens ici comme dans une ville
sainte, chaque ville différente, nous le savons, les médias y implantent leur
propre concept/ idée et l’utilise encore et encore. Exemple parfait, Ferguson ou Baltimore, si
nous n’avions pas Internet nous ne penserions jamais que des gens nettoyent la
ville après chaque émeute, les médiums ne montrent pas cela, ils veulent juste
dire que tout le monde fout le bordel. Ils ne montrent pas les sens positifs de
toutes nos histoires. Les médiums ne se vendent pas sur la base de jolies et
tendres histoires.
Detroit pour moi… nous jouons
juste franc-jeu. Je dis souvent,
« la richesse est réelle ». Ces mots peuvent se comprendre de
nombreux différents sens pour chacun. Je dis aussi, « si cela doit être
réalisé, cela dépend de moi" .
Nous savons comment faire avec ce
que nous avons, cela vient juste de qui nous sommes, c’est à dire des
Detroiters pour moi. »
Do you want to bring some recognition for artists in your show ?
A travers votre show, permettez-vous à ces artistes d’être reconnu ?
What my show does it gives spotlight. It shows the world that’s not fully – Jeff Mills, Kevin, Juan, etc… Martinez Brothers, Carl Craig. Those guys (unsung heroes), they have a fucking day job, they gig on weekend and then go back to work. Why they are not on the spotlight ? Just because nobody gives a shit on them. And now, that’s like Derek, except he produced, he did Timeline, he did works for Kevin Saunderson, and his name is nowhere on Kevin’s label. The only one who gives him recognition his UR. So all those people are coming on my show, Tink Thomas, Gari Romalis, Anthony Shakir, Marcellus Pittman those unknow names. They have a lot of hidden power. They are the ones to me because they are roaring the boat forward, they are in the bottom of the boat. I think my show gives them a chance to tell. And they love to tell their stories (smiling).
Ce que mon show fait c’est qu’il
les met dans la lumière. Il montre au monde que ce n’est pas seulement – Jeff
Mills, Kevin, Juan, etc… Martinez Brothers, Carl Craig. Ces types, ils ont un
putain de travail à accomplir tous les jours et il joue le weekend et puis
retour au boulot à la fin de semaine. Pourquoi ils ne sont pas dans la
lumière ? Parce que personne ne se soucie d’eux. Et maintenant, c’est
comme pour Derek, sauf que lui produisait, il a fait Timeline, il a travaillé
pour Kevin Saunderson, et son nom n’est inscrit nulle part sur le label de
Kevin (KMS). Les seules qui lui ont donné une reconnaissance c’est Underground
Resistance. Donc, tous les gens qui viennent à mes show, Tink Thomas, Gari Romalis, Anthony Shakir, Marcellus Pittman… tous ces noms méconnus. Ils ont de
grands pouvoirs cachés. Ils sont uniques
pour moi parce qu’ils sont ceux qui rament dans la barque, ils sont dans le
fond de la cale à ramer. Je pense que mon show leur donne une chance de
raconter. Et ils adorent raconter leurs histoires (sourire).
In My House logo
So what do you think about push buttons DJ or EDM ... ?
Tu penses quoi de l'EDM et des DJ qui appuient simplement sur "play"... ?
"And now Beyonce and Rihanna they have a house
track. What the hell is that shit ? That’s something they can play on the radio
and be safe, still get paid.
For example, a
big movie comes out… Fast and Furious 7, big promotions, huge
promotions the movie comes out for the weekend,
blablabla… blalala. Crazy dollars… Monday nobody talks about anymore.
Same with our culture: Movement… Great…Memorial Day… all built up. Facebook is
only Movement. 10 afterparties on one night - all those amazing DJ waouh ! I can’t
be at 3 places in same time. You need that adrenaline rush, this is kind of
shot the city needs – we still exists - but after that it’s back to our normal
lives. And then what/who is going to talk about them ? I talk about them. I
have a charge to do it. In the way that it supposes to be done – no fluff, no
bullshit."
"Et maintenant tu as même Beyonce et Rihanna qui ont des morceaux house. Qu'est-ce que c'est cette merde ? C'est quelque chose qu'elles peuvent faire passer à la radio et être tranquille, toujours être payée.
Par exemple, un blockbuster sort .... Fast and Furious 7, grosses promo, géantes publicités, le film sort durant le weekend, blablabla ... Une tonne de fric .... Lundi personne n'en parle plus. Même chose avec notre culture (musicale): Movement ... Super .... Memorial Day.... tout ça est proposé. Facebook ne parle que du Movement. 10 afters sur une même nuit - tous avec des supers DJ, cool ! Je ne peux pas être à 3 endroits en même temps. On a besoin de cet adrénaline, c'est le genre de chose dont la ville a vraiment besoin pour dire : "nous existons toujours". Après ça, retour à la vie normale. Et après qu'il parle de la culture et des artistes ? Je parle d'eux. C'est ma responsabilité. Et ce doit être fait de la façon dont ça doit être fait, c'est à dire pas de fioritures, pas de conneries."
Do you remember your first meeting with house and techno music, clubs... ?
Comment as-tu découvert les clubs, la house et techno ?
"We, me and Derek, I remember he had to do some music
researches, because you know Dereck come from Motown, R’N’B and Gospel, so all
those sounds were all new. So he had to go to clubs that played house music.
Back during that time, the main clubs which were playing house music were gay
bars, so Derek not being gay – he asked I come with him, we went to Heaven,
Time Square and oh my god ! We went in, you know I came up in a muslim family,
very strict so I didn’t know nothing about nothing, so that was amazing,
everybody was free and I was: "Wait a minute there are all guys !". (laughs). But it
was cool, everybody had just good time.
And the first techno track I felt in
love was Punisher. And I wish that we are going to develop more techno clubs,
because especially for Black community there are not a lot of techno club that
give you real techno. No one Tresor like
in Berlin. You need to mix house and techno here. Even with Populux we
will see."
"Moi et Derek, je me souviens qu'il devait faire des recherches sur la musique, parce que tu sais que Derek vient plutôt du style Motown, R'N'B et gospel, donc tous ces sons (house et techno) étaient nouveaux pour lui. Donc il devait aller au club où était diffusée de la house. Revenons sur cette époque. Les principaux clubs qui diffusaient de la house étaient des bars gays, donc Derek n'étant pas gay il me demandait de venir avec lui, nous allions au Heaven, à Time Square et mon dieu ! .... Nous entrions à l'intérieur, et venant d'une famille musulmane très stricte je ne connaissais rien de rien, donc c'était génial, tout le monde était libre et soudain : "Attends, il n'y a que des hommes ici!" (rires). C'était super, tout le monde voulait juste prendre du bon temps.
Et le premier morceau de techno avec lequel je suis tombé amoureux c'était Punisher. Et je souhaite vraiment qu'on développe la scène techno à Detroit, parce que surtout pour la communauté noire, il y en a peu qui diffuse de la vraie techno. Aucun Tresor ici comme à Berlin. Il faut mixer house et techno ici. Même avec le Populux nous verrons bien ce qui va se passer."
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