Movement 2014

Movement 2014

lundi 30 juin 2014

Photographies #4

Chicago (Illinois), 5 heures de route de Detroit (Michigan) 
Weekend de photos où l'on prend un peu de hauteur, ou plutôt l'on invite notre cou à regarder les fameux "skyscrapers" de tout en bas.

Toutes ces photos ont été prises dans la continuité de Michigan Avenue où des monuments et lieux adjacents !


















mercredi 25 juin 2014

TEC-TROIT 2014 - True festival for towners ! "Genuine" festival ?


TEC-TROIT 2014 fut un festival hors du commun. D’un intérêt et d’une complexité sans égal à tout autre festival. Entre les organisateurs me rappelant que le festival est de plus en plus suivi chaque année et le fait que certains locaux et la police ne voient pas celui-ci d’un bon œil, observons l’intérieur.

TEC-TROIT 2014 was an extraordinary music festival through estonishing and awkward points compared to others music festivals. Between organizers telling me that the festival is bigger every year and some locals and policemen denying it, let’s see what it really happened.



TEC-TROIT - samedi 21/06 - après-midi / Harmonie Park


What TEC-TROIT is ?


TEC-TROIT est un festival de musiques électroniques notamment house et techno – GRATUIT. Cette année il s’est déroulé sur trois jours, du 20 au 22 juin (2 scènes).  En 2011, DJ Roach (Raul Rocha) et Heather Raye, décident de faire renaître un festival gratuit à portée très locale, un peu à l’image des premiers festivals Detroit Electronic Music Festival sur Hart Plaza entre 2000-2004. Ce festival se situe dans une idéologie différente des festivals de Detroit, tel le MOVEMENT, qui bien que saluer par les artistes pour l’apport monétaire à la ville et l’impact médiatique internationale, a perdu au fil des années et des enjeux globaux, une assisse plus locale, tant auprès des DJ que d’un certain public. D’après mes observations, tout se passe sans compétition malsaine avec les autres festivals, toujours dans le but de confronter des idées différentes sur la conception et l’idéologie de la scène des musiques électroniques à Detroit.

TEC-TROIT is an Electronic Music festival, especially house and techno music – completely free.  In 2014, festival took place in Harmonie Park of Detroit from June 20-22 (2 stages).  In 2011, DJ Roach (Raul Rocha) and Heather Raye decided to create a new free festival with a local impact, as former DEMF 2000 – 2004 were. Ideologically, TEC-TROIT is different even if DEMF-MOVEMENT festivals are accepted by Detroit DJ communities thanks to monetary contribution for the city and international media impact. Nevertheless, every year those festivals lost a part of DJ and local Detroit techno fans.  After observation, that’s not a competition; the way that DJ Roach promoted this event is in order to show a different conception of the “genuine” scene of Detroit DJs.



Logo TEC-TROIT


Engagement citoyen : DJ Roach remet notamment en cause la marque MOVEMENT qui « gagne un paquet de fric et met en place des événements internationaux ». L’image –iconique - de Detroit par rapport à la scène électronique, aident beaucoup ce genre d’événements à se faire connaître, bien qu’ils soient parfois un peu détaché dans leur promotion artistique de la réalité et de la complexité musicale en matière de musiques électroniques à Detroit. Difficile de satisfaire tout le monde !

Citizen commitment: DJ Roach calls into questions the MOVEMENT brand which " charges a ton of money and features a lot of international acts ". The iconic image of Detroit through its Techno history, help them to create such big international events, even if it’s not the Detroit sound that they promote. But it’s not easy to satisfy everybody !

Engagement musical : DJ Roach critique aussi le MOVEMENT pour son timide engagement auprès des DJ locaux : « MOVEMENT semble avoir une sélection de quelques artistes locaux qui joue tous les ans au MOVEMENT, quand il y a tant de nouveaux talents locaux ici, à Detroit, qui adoreraient être un morceau du MOVEMENT ». A l’image d’un Carl Craig, programmé presque tous les ans – et ce avec grand bonheur pour tous – il est vrai que cette pluralité de DJ manquent quand on observe combien de DJ différents peuvent être présents au TEC-TROIT, et des personnes qui ne sont pas du tout connu, du grand public. On se pose alors cette fameuse question de savoir quel est le statut de tout ces DJ : sont-ils des DJ professionnels ou des amateurs ? Est-ce que la popularité d’un DJ influe sur son statut ? Y-a-t-il des DJ plus méritants que d’autres ? Des questions toujours délicates lorsque l’on se situe dans le champ culturel.

Musical commitment : Also, DJ Roach criticizes MOVEMENT because of its tight commitment with local DJ : “Also they seem to have a select few locals that play MOVEMENT every year when there is so much local talent here in Detroit that would love to be a part of MOVEMENT.” For example, a guy like Carl Craig is playing every year (almost) – which is great – but it highlights a lack of diversity. Because when you observe TEC-TROIT program, you see how many guys from Detroit and his region could play. Finally we have to ask this hard question about the status of being a DJ:  are they some professional and some non-pro ? How do you define a status?  Does the popularity of a DJ  influence his/her status ? Is there some DJ who are deserving and others who aren’t? (some awkward questions).



 Flyer TEC-TROIT 2014


Paradise Valley – Harmonie Park: a legendary music place vs a hype commercial area


Paradise Valley – Harmonie Park est un lieu fondamental des scènes musicales de Detroit. Dans les années 1920 à 1980, les principales salles de danse, bars et clubs étaient attachés à cette zone. Les nouveaux musiciens de jazz et de blues devaient passer par ces lieux pour pouvoir être accepté. Puis les genres musicaux ont évolué, les clubs et discothèques se sont installés sur d’autres avenues du centre-ville. Néanmoins, le parc existe toujours, mais excepté les affiches et panneaux flattant ce lieu plus aucun lieu de musique n’est présent et donc ne rappelle cette gloire musicale passée. Cependant, certains membres de la communauté de Detroit font vivre ce lieu à l’instar des mini-concerts de jazz organisés tous les lundis et jeudis. Le parc reste un endroit paisible où la communauté peut se réunir, comme pour le TEC-TROIT.

Paradise Valley – Harmonie Park is a main music place in Detroit. From 20’s to 80’s, ballrooms, clubs and bars were located there. For example, new jazz and blues musicians had to validate their career by playing here. Then, genres evoluted and clubs and discotheques settled in others streets and avenues. However, the park still exists but except some flyers and panels, no building and music place is in order to remind us those musical days and events.  Few towners animate Paradise Valley with jazz concerts (Monday and Thursday). The park is a peaceful place for all the towners where they can gather, like for TEC-TROIT event.



Harmonie Park - vendredi 20/06 - après-midi / 1ère scène



Harmonie Park - vendredi 20/06 - après-midi / 2ème scène


Or, il est de plus en plus difficile d’organiser de tels événements, notamment house et techno, du fait des restaurants et autres hôtels qui profitent du cadre pour s’installer. Aujourd’hui, comparativement au reste de Detroit, la zone Harmonie est un endroit hype où l’on trouve des restaurants et bars très chics. Une population qui peut parfois faire preuve de distance à l’égard de la communauté musicale qui veut aussi habiter ces lieux, surtout des DJs et de styles musicaux portant de lourds clichés.

It’s really complicated to organise such an event. Harmonie area is a hype place where restaurants, bars and hotels are close to. A population who can have some distance with towners and musical culture of Detroit.

Explication par les faits : Vendredi 20, premier jour de festival, seulement une trentaine de personnes étaient présentes du fait de la pluie. Aux alentours de 16h s’est alors déroulée une scène inimaginable. En effet, quelques heures après que les organisateurs eurent montés la deuxième scène (Randolph Street – Gratiot Avenue), une vingtaine de personnes arrivaient pour écouter le nouveau DJ. Ecoutant la musique et les puissantes basses se déclencher, le propriétaire du bar (nouveau propriétaire selon mes sources), décident d’appeler DJ Roach et la police pour fermer la scène. DJ Roach calme, accepte. Finalement, une seconde scène vit le jour à l’intérieur d’un bar proche.
DJ Roach sur son compte Facebook (samedi 21, 6h39) : « Donc la police a fait fermer la deuxième scène, mais nous nous déplaçons à l’intérieur du Coaches Corner, et ce sera donc là que la fête battera son plein. Chaque année ils essaient d’arrêter cet évènement gratuit, mais TEC-TROIT est toujours là et on continue à s’éclater.”

Explanations: On Friday 20th, first day of festival, only thirty people were there because of the rain. After 4pm something wrong happened. After organizers set up the second stage (Randolph Street – Gratiot Avenue), ten people were coming to listen a new DJ playing, when the bar’s owner call DJ Roach and the police to close the stage (a new owner / music loud / people drinking on the streets). DJ Roach accepted. Finally, a second stage will raise in another bar (indoor). DJ Roach on his Facebook account (Saturday 21st, 6.39am): “So the police made us shut the 2nd stage down but we moved it inside of Coaches Corner so thats where we are rockin the 2nd stage, inside of Coaches Corner. Every year they try and stop this FREE event but Tec-Troit is still on and poppin.”


 DJ Roach (à droite) discutant avec les policiers


For Those Who Know...


DJ Roach et son label Nuestro Futuro font partie d’Underground Resistance (UR), un collectif et label de promotion et production des labels indépendants de Detroit. La plupart des DJ qui étaient invités sont des personnalités récurrentes, qui forment un ensemble autour de la sphère d’Underground Resistance (UR) et Detroit Techno Militia (DTM) , c’est-à-dire les promoteurs d’un son à Detroit. Très rares sont ceux qui partent à l’étranger, d’ailleurs cette question d’influence avec d’autres pays et d’autres styles semblent parfois « tabou ».

DJ Roach and his label Nuestro Futuro are part of Underground Resistance (UR), a DJ/musicians collective promoting and producing Detroit independent labels. Most of those DJ who were invited are people close to this group or Detroit Techno Militia (DTM).  Only few DJ go abroad, besides the question of influence with others countries or music styles can sometimes be a “taboo”.

Des types inconnus (à mes oreilles) comme Nano2Hype, Donald Joseph, Ryan Start, Subtractive, Pirahnahead, Nigel One and Alexander, Biblical Proportions… se retrouvent avec DJ T.Linder, DJ Psycho, Terrence Parker, etc, plus connus.

I heard some guys totally unknow for my ears like Nano2Hype, Donald Joseph, Ryan Start, Subtractive, Pirahnahead, Nigel One and Alexander, Biblical Proportions… and also there weres others more famous DJ like DJ T.Linder, DJ Psycho, Terrence Parker,....

Au final le festival a réuni sur trois jours environ 300 personnes (notamment samedi et dimanche). La population locale était fortement représentée : les habitués du parc, les sans-domiciles, les groupes de supporters d’UR, DTM et TEC-TROIT, les amis et familles, ainsi que des jeunes de la région. Des gens souriants, dansants, échangeants. Des DJ simples, impliqués et très proches du public. Une réelle énergie produite entre DJ et public. D’autres festivals ont également une démarche similaire promouvant la gratuité : Pine Grove Electronic Festival (Port Huron) et Charivari Festival (Detroit), qui restent un peu plus important en termes d’audience.












Finally the festival gathered during three days, about 300 people (especially on Saturday and Sunday). Towners were the representatives: Park lovers, Homeless, Fans of UR, DTM and TEC-TROIT, friends and family, and young guys from the county. People laughing, dancing, smiling and DJs close to this public in a pure and simple energy. Also others festivals with a local ideology and free exist : Pine Grove Electronic Festival (Port Huron) and Charivari Festival (Detroit), which remain bigger than TEC-TROIT.

L’événement était donc très particulier. De plus, la communication ne s’est faite que par Facebook ainsi que par la distribution de quelques flyers. Pas de merchandising, pas de bars ou de coins restauration :  un festival très épuré.

It was a special event. No big communications, except by Facebook and flyers. No merchandising, no bars or fast-food or tents - an uncluttered festival.




Pour conclure, j'ai rencontré une personne emblématique de cette synergie entre la réalité locale pour les habitants de Detroit et la magie de la musique et des musiques électroniques en particulier : Grandma Techno. A 72 ans et victime depuis 1988 d'une maladie l'handicapant, Patricia Lay-Dorsey fait preuve d'une formidable détermination dans sa vie et sa volonté de montrer ce qu'est réellement Detroit. Je vous invite à faire un tour sur son site, observer son travail, notamment son portfolio "Detroit is its people not its problem" et  la vidéo intitulée "THEY CALL ME GRANDMA TECHNO" : http://www.patricialaydorsey.com/




Grandma Techno

To conclude, I'll invite you to look at an iconic person who reflects the truth about Detroit and the magic of music and Electronic Musics : Grandma Techno. 72 years old and handicaped since 1988, Patricia Lay-Dorsey is a wonderful person proving her determination in her life and her love for Detroit. Go on and see the video "THEY CALL ME GRANDMA TECHNO" and her portfolio "Detroit is its people not its problem" : http://www.patricialaydorsey.com/






vendredi 20 juin 2014

Music in Detroit #2 : Les années "plus ou moins" Funk (et Disco)

La dernière fois, nous avons parlé de la scène Rock de Detroit (classic rock, punk et hard rock). Aujourd’hui, je vous propose de vous emmener découvrir les 70’s et 80’s, et l’univers des boules à facettes, des cols pelle à tarte et des pantalons patte d’eph. Messieurs déboutonnez votre chemise et Mesdames recoiffez-vous, c’est parti pour un moment funk (et disco).

Detroit n’est pas une ville qui se vente de sa scène funk aujourd’hui. D’ailleurs vous avez certainement dû remarquer que les événements live (ou non) de funk et de disco, en France et ailleurs, se font très rares, mais pourtant quel DJ de nightclub ne passe jamais un tube de ces styles pendant une soirée ? Et qui n’apprécie pas de se déhancher sur le « groove » de ces musiques ? Oui, je te parle ! Toi qui aime gesticuler sur la piste de danse en réinterprétant les démarches et les pas les plus sensuels et sexuels d’un John Travolta sur une chanson des Bee Gees ou d’un James Brown dégoulinant de sueur. Toi qui connais par cœur la chorégraphie d’Alexandrie Alexandra (non ne te cache pas), et qui tente encore le coup du lasso en boîte, je te présente quelques pépites.


James Brown (1933-2006)



Deux émissions de TV à Detroit : Soul Train et The Scene


Si je vous parle de l’audiovisuel à Detroit, c’est tout d’abord parce que l’évolution de ces musiques et l’intérêt que le public a eu pour ces dernières est dû à leur diffusion TV. Ces divertissements télévisuels faisaient aussi bien participer les foules filmées en live que d’aiguiser la sensibilité des spectateurs derrière leur écran. On assiste à un regain d’intérêt pour les danses, et on parle alors pour désigner les musiques qui les accompagnent de « dance music ». Ce phénomène sera aussi lié à la modernisation des lieux de danse ou la création des clubs/discothèques. Cette contextualisation permet aussi de comprendre pourquoi les générations nés avant les années 80 ont été marquées par le funk et le disco, ce à travers ces émissions de musiques et de danses et expliquer pourquoi les artistes actuels qu’il soit de la scène hip-hop, techno ou même pop, revendiquent ces influences.

Et deuxièmement, ce sont des choses qu’en France nous n’avons pas connu, donc profitons-en pour observer.


Plateau de Soul Train (années 1970)


En octobre 1971, Detroit diffuse un show qui est produit et monté à Chicago, appelé « Soul Train ». Animé par Don Cornelius, un homme charismatique qui deviendra le premier Afro-Américain à se hisser à la tête de la production audiovisuelle, l’émission se découpe en différentes parties. Elle propose de découvrir différents artistes en live, différentes chansons, des interviews en live, des chorégraphies et un rituel de fin : une ligne de danse qui clôture le show et où danseurs, musiciens et artistes peuvent se défouler.

Au départ, on y découvre les artistes soul, concept de l’émission, et notamment les stars de la Motown, stars locales puisque jusqu’en 1972, Detroit (5h de Chicago) accueillait toujours les locaux de la Motown. On y voit Smokey Robinson, Stevie Wonder, Marvin Gaye, The Temptations, Jackson Five et plus le show grandit plus les artistes viennent de partout : Al Green, Aretha Franklin, Barry White, etc.
« Suite à la British Invasion avec entre autres les Beatles, les Rolling Stones et Cream et le fait que les fans, les alliances, et les goûts musicaux alors évoluèrent vers quelque chose de plus sophistiqué et d’éclectique, les années 1971-1973, furent une période cruciale pour la musique noire. Celui qui montrait la voie allait mourir. Jimi Hendrix devait quitter ce monde dans le but d’offrir aux Isley Brothers, Parliament Funkadelic, Sly annd The Family Stone et Rick James une façon de découvrir leur schéma créatif pour transporter la musique noire vers ce qu’elle voulait devenir, en transformant la soul en funk », nous dit Ahmir « Questlove » Thompson (Dj et producteur) – (P-50 – Soul Train).



Soul Train - Stevie Wonder (joue pour la première fois "Superstition") - 1971 


Soul Train avance avec les évolutions musicales et fait ses propres choix, dans une filiation tout de même logique: disco, hip-hop, new wave et R’n’B : Donna Summer (1976 et 1978) Village People (1980), Kurtis Blow (1980), Sugarhill Gang (1981), LL Cool J (1985), Beastie Boys (1987), Pet Shop Boys (1988) sont invités. En 1993, Soul Train s’achève.

The Scene s’inspirera énormément de Soul Train. Débutant en 1975 et tirant sa révérence en 1987, ce show était une quotidienne où la danse était au centre de l’émission puisque très rares étaient les artistes qui jouaient en live. La direction artistique et musicale pris un autre sens que Soul Train. Soul Train avait une vision nationale, mais The Scene avait une vision locale. Ainsi, la musique était un reflet de Detroit, une musique plus house, plus électronique mais aussi techno. Lors de mes rencontres avec les artistes, fans et amateurs de house et techno, beaucoup me disaient avoir entendu pour la première fois Kraftwerk ou Cybotron. L’émission animée par Nat Morris sera remplacée par the New Dance Show en 1988 – un programme plus moderne mais quasiment identique dans le fond.



The Scene - "Shari vari" d'A Number of Names (prémisse à la Techno de Detroit) - 1981

Outre l’aspect musical, Soul Train aura un fort impact sur la médiatisation des Afro-Américains, et sera le prisme de leur évolution et motivation dans la société des USA. A Detroit, l’effet sera d’autant plus fort et local avec The Scene que la population Afro-Américaine augmente dû à la fuite de la communauté Blanche.



1970-1980 - Detroit : plus funk que disco ?



Bien que le disco ait eu une popularité importante aux USA, le funk reste une musique plus présente dans le cadre musical de Detroit. Pourquoi ?

Le disco est très européen, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Tout d’abord, Peter Shapiro, fait remonter les prémisses du disco à la Seconde Guerre Mondiale, et les affrontements intellectuels et artistiques entre français et nazis. Il expose que pendant la Résistance, Paris grouillait en effet de boîtes clandestines, et qu’après la libération, ce phénomène va s’accentuer avec notamment des lieux mythiques comme le Whisky à Go-Go, puis l’ouverture des premières discothèques de Régine.
Le disco plante aussi ces racines dans la ville de New-York, où au début des années 1970, la Big Apple a une image assez dégradée, entre violence, prostitution, crime, policiers corrompus et trafic de drogues. Avant les paillettes et le hype des discothèques vivaient le trash dans ces lieux.
Le disco est aussi une musique de danse commerciale. Même si elle fait la synthèse d’un courant soul et funk, la technologie et les instruments électroniques permettent de créer, sans frais, un morceau complet sur une base rythmique, charleston (contretemps) et grosse caisse (temps forts 4/4) accentués, et des morceaux qui le plus souvent sont remixés de nombreuses fois.

Par la suite, le disco se révèle progressivement: en France, Manu Dibango « Soul Mokassa » (1973), en Allemagne, Boney M (même si l’on pensait tous que l’origine du groupe était américaine) « Daddy Cool » (1976), en Suède avec Abba (qui feront un gros carton en Australie où ils sont encore considérés comme des superstars aujourd’hui), « Waterloo » (1974), etc.

A Détroit, et plus largement dans la communauté afro-américaine, le sentiment envers le disco est partagé. Cette communauté devient et est exigeante en termes de musique. Le funk appartient à la communauté Afro-Américaine jusqu’à l’arrivée du disco qui le fait découvrir à la communauté blanche. La soul et le funk ont une âme musicale, ce qui est alors plus difficile de justifier pour le disco au vue des faits précédents, selon les commentateurs. Cette âme musicale reste purement subjective, et met en avant le lien religieux avec la musique. La soul et le funk sont liés aux racines du chant religieux et surtout le gospel. La soul et le funk font références aux textes religieux, « tandis que le disco a pour religion l’hédonisme » (P.87-Soul Train).
Je prends ici pour exemple Questlove nous parlant de la période disco de Soul Train, où l’on retrouve une critique envers le disco: « La musique Noire a toujours été défini et contextualisée par rapport au gospel, et le disco marqua la première fois dans l’ère de la musique noire où celle-ci ne portait moins sur le gospel. »(P.87 – Soul Train)

Enfin, même si la vague disco a continué à se développer dans les années 1980 en Europe et ailleurs, il faut savoir que le disco connut un véritable coup d’arrêt aux USA suite à un événement grave : le « Disco Demolition Night ».


Affiche "Disco Sucks" - Comickey Park 1979

Avant cette journée de 1979, des petites manifestations anti-disco éclatent dans le pays. Certains jugent la musique trop mécanique, jugent les habits des danseurs trop provocateurs, mais les plus virulents s’attaquent au disco notamment du fait de ses racines à la culture homo, et de la visibilité que lui "accorde" le disco. Les fans de rock aussi, qui voient leur station et la popularité de leur musique diminuer, s’offusquent de cette musique. Alors le 12 juillet 1979, à Chicago, au Comikey Park (stade de baseball), environ 60 000 personnes se ruent pour pouvoir voir le match et casser des vinyles de disco (mauvaise saison pour l’équipe de Chicago – habituellement max 30.000 spectateurs). A la fin du match, les instigateurs de cet événement, Steve Dahl (DJ Radio rock), Gary Meyer (DJ Radio rock) et d’autres entament un tour de terrain avec des caisses de disques et des explosifs. Ils reprennent le slogan « Disco Sucks », et font exploser les disques, laissant un trou au centre du terrain. Les médias américains, qui ne sont pas des défenseurs du disco, titrent alors la mort de celui-ci (symboliquement et littéralement).


« Micro résumé » de l' histoire du funk 

+ Deux groupes incontournables et proches de la scène de Detroit


Le funk s’est développé dans différentes villes aux USA. Les berceaux principaux restent l’Ohio (Ohio Players) et la Nouvelle-Orléans (The Meters), où les débuts du funk firent leur apparition. D’ailleurs James Brown, le « godfather de la soul », plutôt funk, s’installa rapidement à Cincinnati (Ohio). Dans les années 1960, le funk se bâtit sur le rythm’n’blues et la soul, ainsi que des textes engagés sur la difficulté quotidienne d’être un Noir aux USA. Les paroles évolueront ensuite pour être plus festives et sexuelles (James Brown, "Sex Machine" – 1970). Chic, Earth Wind and Fire, Kool and The Gang…, ces groupes vont populariser une musique plus électronique et énergique, un mélange entre le funk, le disco et la pop. 

Parliament-Funkadelic :

Aussi appelé P-Funk, est le rassemblement de deux noms de groupes qui sont des piliers dans le funk et l’electroclash. P-Funk est conduit notamment par George Clinton, personne d’une vitalité à couper le souffle, et qui mis en place le groupe dans son salon de coiffure en Caroline du Nord. Créée en 1955, il signe avec le label Westbound Records en 1968, à Detroit. Leur musique évolua du doo-wop au funk en passant par le rock psychédélique. Les membres de The Parliaments sont au départ : George Clinton, Ray Davis, Calvin Simons, Fuzzy Haskins, Grazzy Thomas. En 1969, le groupe perd ses droits et se renomme Funkadelic et voit l’arrivée de nouveaux membres et notamment : Williams (« Bootsy ») et Phelps Collins. P-Funk c’est l’un des superband du funk, qui va imposer une esthétique colorée et hyperactive, sous des ambiances parfois "hallucinogènes" et "planantes". Dans les années 1980, les P-Funk connurent un « revival » avec la sortie de remix club – « P-Funk All Stars »

A écouter : Funkadelic (album de 1970), Maggot Brains (album de 1971), Hardcore Jollies (album de 1973)


George Clinton 


Was (Not Was) :

Groupe originaire de la banlieue de Detroit, ils évoluent dès 1979 dans un mélange post-funk et disco,  ils produisent un son très éclectique entre pop et « electro ». L’aventure de Was (not Was) commence avec deux amis de lycée, Don Fagenson et David Weiss qui décident de se renommer Don et David Was. Don Was, qui deviendra un grand producteur des années 1980-1990, intègre aux chants « Sweet Pea » Atkinson et Harry Bowens. Ils seront souvent accompagnés d’invités dans leur morceau. Was (No Was) est à l’image de toutes les frictions artistiques et musicales de Detroit dans les années 1980 : un groupe blanc/noir, une musique aux influences très diverses (sans limite) mais avec notamment des teintes funk, disco et jazz, ainsi qu’une bonne pincée d’instruments électroniques.

A écouter : « Walk the Dinosaur » et « Spy in the House of Love » (What's Up dog - 1988)




Régalez-vous de la chorégraphie de "Walk the Dinosaur", et je défis quiconque de ne pas retenir "Open the door, get on the floor, everybody walk the dinosaur !"


Pour plus d’informations :


- QUESTLOVE, "Soul Train - the Music, Dance and Style of a Generation", Harper Design, 2013
- Shapiro P., "Turn the beat around : the secret history of disco", Faber and Faber, 2005